KASPAR dit CASPAR-JORDAN Jean Jacques (1878-1943)
Jean Jacques Caspar est né le 20 novembre 1878 à Dijon de Jean-Frédéric Caspar, tailleur d’habits, né dans le Grand-Duché de Bade en 1839 et Marguerite Baehni, sans profession, née en 1838 à Berne en Suisse.
Il se marie le 9 juin 1902 à Paris dans le 7e arrondissement avec Agathe Weiss, sans profession, fille mineure de N. Weiss, directeur de la bibliothèque et du bulletin de la société d’histoire du protestantisme français, et d’Edith Warnod. Il est alors missionnaire à Madagascar (il le restera jusqu’en 1905). De cette union naîtront deux fils : Jean-Claude, né à Paris (16e arrondissement) le 29 juin 1906 et Jacques Anet, né à Paris (6e arrondissement) le 15 octobre 1908.
Bachelier en théologie de l’université de Paris, il est également diplômé de l’école des Langues orientales, puis licencié en droit. Il est admis au tableau parisien le 10 novembre 1908 sous le nom de Caspar-Jordan. Il est officiellement inscrit au Barreau de Paris en 1911.
Spécialiste de la question russo-finlandaise, il devient correspondant parisien d’un journal finlandais. Il effectue plusieurs conférences sur ce sujet et signe un livre intitulé La résistance légale en Finlande, Paris, Alcan, 1913, dans lequel il raconte son enquête à Wiborg sur les événements qui, en 1913, ont provoqué l’emprisonnement de la Cour d’Appel de cette ville. Ce qui explique sans doute sa décoration de Commandeur de l’Ordre de la rose blanche de Finlande. Cette décoration, créée en 1919, est l’un des trois ordres honorifiques finlandais et récompense des mérites militaires et civils.
Il effectue son service militaire en 1898 à Dijon et incorporé au 27e Régiment d'Infanterie le 14 novembre 1899 dans cette même ville.
Jean-Jacques Caspar est rappelé sous les drapeaux par la mobilisation générale du 3 août 1914 au dépôt du 24e Régiment Territorial du Havre. Il fait campagne durant toute la guerre du 25 novembre 1914 au 24 janvier 1919. Il part au front le 30 janvier 1915 sous le grade de caporal et est versé au 21e Régiment d’Infanterie Territoriale. Il stationne durant 6 mois avec ce régiment en Artois occupant les tranchées du secteur d’Hébuterne. En août 1915, le 21e R.I.T est déployé en Champagne pour la préparation de la prochaine offensive, dans les secteurs Beauséjour et de Mesnil-les-Hurlus (Historique du 21e régiment territorial d'infanterie 1914-1919). Jean-Jacques Caspar est ensuite nommé sergent fourrier (officier chargé de l’intendance) à la 2e Compagnie de mitrailleuses, le 1er avril 1916.
En janvier 1918, il écrit au Bâtonnier pour le solliciter d’appuyer sa demande de partir dans les Armées de Salonique pour être commissaire-rapporteur dans les corps expéditionnaires, pour lesquels il a appris que des volontaires étaient recherchés. Il argumente par son diplôme en langues orientales et un voyage effectué dans cet endroit. Cette demande restera sans réponse.
Il passe le 12 février 1918 au 9eme Bataillon du 34e R.I., puis au 146e R.I. comme adjoint du chef de section à la 3e compagnie de mitrailleuses le 9 juillet. Ce régiment sera cité à l’Ordre de l’armée les 19 mars 1916, 1er mars et 21 juin 1918 et décoré de la médaille militaire le 20 mars 1919. Il intervient en Belgique vers le Mont Kemmel, ce qui vaut à son régiment sa 4ème citation à l’Ordre de l’Armée. Le régiment est relevé le 5 mai et part sur le front de l’Aisne.
Du 9 au 26 juillet, Jean-Jacques Kaspar est mobilisé dans la bataille de la Marne dans le secteur de la cote 204 – Château-Thierry. Le 15 juillet 1918, l’offensive ennemie est déclenchée entre Château-Thierry et l’Argonne. Le 20 juillet, le 146e R.I. tente une nouvelle attaque par surprise à la tombée de la nuit ; mais « l’ennemi tenu en éveil par les tentatives incessantes dont il est l’objet depuis le 1er juillet arrête notre mouvement par ses mitrailleuses ». Jean-Jacques Kaspar est blessé par des éclats d’obus sillon à la jambe droite. Le 146è R.I. poursuit son avance dans la forêt de Barbillon où les combattants subissent durant 8 jours « les gaz, la puanteur des cadavres d’hommes et de chevaux, la fatigue accrue par la chaleur » (Historique du 146e R.I.) ; Jean-Jacques Caspar est intoxiqué par le gaz ypérite le 22 juillet. Il sera évacué le 31 juillet par l’ambulance 3/20 sur l’Hôpital de Château-Thierry, puis le 1er août sur celui de Coulommiers par l’ambulance Z/411 avant d’être transféré à l’hôpital de Tours pour intoxication le 3 août.
Le certificat médical en date du 1er août établira que Jean-Jacques Caspar est « Ypérité non récupérable à court terme – Conjonctivite – Laringite ».
Son action lors de cette fin juillet 1918 lui vaut d’être cité à l’Ordre du régiment le 26 juillet :
« Excellent sous-officier qui a fait preuve de beaucoup de dévouement et d’entrain comme adjoint au chef de section pendant les opérations des 20, 21, 22 et 23 juillet 1918. Légèrement blessé dès le début de l’attaque, puis intoxiqué, a continué à assurer son service d’une façon parfaite ».
Son régiment sera relevé le 28 juillet, mais mènera jusqu’à l’armistice du 11 novembre de violents combats.
Par la suite, il est nommé commis greffier adjoint près le Conseil de Guerre de la 47e division par décision en date du 6 septembre 1918. Il sera démobilisé le 25 janvier 1919.
Il est après la guerre titulaire de la carte du combattant n° 533 192 (certificat d’origine de blessures de guerre du 1er août 1918), de la Croix de guerre (26 juillet 1918) et du titre de chevalier de l’Ordre de Léopold du 20 novembre 1918, décoration la plus importante de Belgique, fondée en 1832 et décernée pour mérites exceptionnels.
Il reprend son activité d’avocat jusqu’en 1928 où il démissionne du tableau pour se consacrer à une carrière journalistique. Entre 1928 et 1936, il dirige plusieurs journaux : Lyon Républicain ; Société du progrès civique-le Quotidien ; il est également membre du Syndicat de la presse parisienne, de la Fédération de la presse française et du Syndicat des Grands quotidiens régionaux. En 1936, il quitte la presse qui a ses yeux a perdu toute indépendance : «c’est au barreau seul dit-il que l’on respire un air de liberté… » (notes biographiques de Marcel Poignard, 1936). Il se réinscrit au Barreau de Paris en 1936. Il candidate ensuite à un poste de juge de paix.
Il est mis en congés le 15 décembre 1939 car il est nommé juge à titre temporaire délégué du Ministère de la Justice : le 3 janvier 1940, il prend le poste de juge au tribunal de Privas pour être délégué au bureau du Sceau (service des naturalisations).
Il décède le 21 mars 1943, à 64 ans, à son domicile, suite à une maladie.
Cindy Geraci.
Son 1er fils, est, durant la 2e Guerre mondiale maréchal des logis de dragons portés et agent de liaison lors de la bataille des Flandres – Dunkerque. Après 1945, il suivra les traces de son père et deviendra journaliste en 1953 puis rédacteur parlementaire du Lyon Républicain et du Petit Niçois. Il prendra le nom de Bernard Kaspar dit Caspar-Jordan. Il décèdera en 1994 à Champdeuil en Essonne.
Son 2e fils est déclaré, en 1940, infirme à la charge du père. Il était artiste peintre et certaines de ses toiles ont été achetées par la ville de Paris (délibérations du Conseil Municipal de Paris).
BAUME Gabriel Athanase Antoine Marie (1863-1936)
Gabriel Baume est né à Quimper le 24 mars 1863, fils cadet de Irénée Célestin Baume (1828-1890) et de de Adélaide Marie Antoinette Follet. Son père, médecin, fut directeur de l’asile Saint Athanase de Quimper, succédant en 1857, à son fondateur Athanase Follet.
Gabriel fait toute sa scolarité à Quimper et poursuit des études de droit à Rennes. Il obtient sa licence de en 1884 puis prête serment au Barreau de Rennes le 3 février 1885 et effectue son stage jusqu’en 1889. Parallèlement à son métier d’avocat, il exerce ses talents journalistiques comme rédacteur auprès du journal L’Eclaireur de Rennes (1884-1889) dirigé par son frère Anathase Louis Antoine Marie Baume (1856-1921).
En 1894, il prend le chemin de la vie parisienne, sollicitant son inscription au Barreau : « la demande d’extraction a eu pour motif son départ pour Paris […] mais en vertu d’une tolérance consacrée par certaines traditions locales, nous n’avons pas considéré ce fait comme incompatible avec la profession » écrit en 1894 le Bâtonnier du Barreau de Rennes à son confrère parisien membre du Conseil de l’Ordre, chargé d’étudier la demande d’inscription de Gabriel au Barreau de Paris. Il lui précise également que Gabriel Baume fréquentait très peu le Palais lors de ces années au Barreau de Rennes. Gabriel Baume intègre le Barreau de Paris le 27 octobre 1894.
Plus journaliste qu’avocat (même à Paris, il fréquentait peu le Palais), Gabriel écrit de nombreux articles sur divers sujets, suscitant parfois des polémiques… auxquelles il répondait par des duels à l’épée ! En février 1892, le journal La Nation relate un duel au pistolet aux environs de Paris entre Gabriel Baume, rédacteur de l’Autorité et M. Rateaud rédacteur au Petit National, au cours duquel quatre balles ont été échangées sans résultat. Le motif de l’altercation n’est pas précisé. Et lorsqu’il n’était pas acteur du duel, il en était témoin !
Le duel est une pratique datant du XVème siècle, dont le but n’était pas de tuer l’adversaire mais de laver la réputation de l’offensé. Interdit pendant la Révolution française, il devient cependant une pratique commune de la noblesse et de la bourgeoisie, réglementée et codifiée. Au XIXème siècle, le duel devient l’apanage des parlementaires et des journalistes, en quête de légitimité. Le combat se déroule devant des témoins veillant au respect des règles et des conventions particulières fixées au préalable (fixation notamment du nombre de coups à l’arme blanche ou à feu). L’un des duels les plus connus du XIXème siècle est celui opposant Clémenceau à Déroulède.
En novembre 1894, une polémique naît à la suite des commentaires de Gabriel Baume dans le journal L’Autorité sur l’attitude des députés qui ont refusé de voter les crédits pour envoyer une délégation aux funérailles du Tsar (Alexandre III). Offensé par une réponse de son confrère journaliste Gérault-Richard (1860-1911), dans la Petite République, Gabriel lui envoie via ses témoins une réparation par les armes, qui aura lieu à l’Ile de la Grande Jatte, le 19 novembre 1894 : épée de combat avec gants de ville à volonté. La durée des reprises est fixée à trois minutes, le « combat ne devant cesser que lorsque l’un des combattants sera mis dans un état d’infériorité constatée par les médecins » (La Libre Parole, 20 novembre 1894).
A la 2e reprise, Gabriel Baume est atteint à la partie inférieure du thorax, au-dessous du foie, sur la région de la vésicule biliaire d’une blessure de plus d’un centimètre de profondeur, mettant fin au combat.
Grand amateur de cette pratique, il réitère ce mode de règlement de compte en 1895 : Gabriel Baume publie un article dans l’Autorité sur une altercation au Sénat entre M. Isaac, député, sénateur de Guadeloupe et un officier d’infanterie de marine. M. Isaac s’est senti offensé. Après de longs pourparlers n’ayant pas abouti à la conciliation cherchée, une rencontre au pistolet de tir rayé est convenue au plateau de Chatillon : deux balles sont échangées à la distance de 25 pas et au commandement, sans résultat. Les deux procès-verbaux de cette rencontre ont été publiés par le journal La Politique coloniale du 8 juin 1895.
En 1914, Gabriel Baume n’est pas mobilisable en raison de son âge : il a 52 ans ! Il s’engage quand même comme volontaire pour la durée de la guerre et part au front. Nous n’avons pu retrouver son registre matricule mais pouvons toutefois, à l’aide des documents de son dossier d’avocat et de la presse, évoquer quelque peu son parcours. Il a combattu au 123e régiment d’infanterie, 4e Compagnie, engagé comme simple soldat, et gagnant les galons de caporal puis de sergent. En avril 1915, le Gaulois donne des nouvelles de Gabriel Baume, secrétaire général de l’Autorité, « de santé robuste, fervent de l’escrime et de la bicyclette » mobilisé au front « où il se porte à merveille ». Au mois de mai 1916, il est cité à l’Ordre du régiment :
Cette citation, mentionnée dans de nombreux journaux, lui vaut la reconnaissance de plusieurs de ses confrères journalistes, tel celui du Midi Socialiste le 10 juin 1916 : « Ohé ! Barrès, ohé les pantouflards de Paris et … d’ailleurs, les héros de l’écritoire, imitez un peu cet exemple et nous parlerons après de votre patriotisme ! »
Il confirme d’ailleurs sa bonne santé au front (probablement à Verdun) en présentant ses vœux au Bâtonnier le 2 janvier 1916 : « cette année nous verra-t-telle enfin tous réunis ? il faut l’espérer…. Notre moral reste bon malgré la boue et la vase où nous sommes souvent englués… ».
Avocat avant d’être sergent, Gabriel Baume exerce ses talents oratoires en siégeant « intentionnellement » près du conseil de guerre de la 35e division d’infanterie durant un an. Il écrit d’ailleurs au Bâtonnier, « étant loin de la bibliothèque du Palais », pour lui soumettre une question de droit sur un soldat atteint de somnambulisme : est-ce une forme de maladie mentale ? et cet homme est-il atteint dans sa responsabilité morale et pénale ? Il demande au Bâtonnier de lui envoyer d’éventuelles jurisprudences. Nous ne savons pas si réponse lui aura été faite…. Le 31 août 1918, il publiera dans le Gaulois un article sur comment la justice était rendue au front, s’appuyant sur cette expérience.
Gabriel Baume intègre ensuite le 326e régiment d’infanterie territoriale où il demande au Bâtonnier d’appuyer sa demande de nomination au poste de sous-lieutenant commissaire rapporteur près les conseils de guerre.
Il sera décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre et de la médaille britannique.
Démobilisé, il reprend ses activités judiciaires et surtout journalistiques : il collabore au journal Le Gaulois jusqu’en 1929 comme secrétaire de rédaction, puis au Figaro (fusion avec le Gaulois) jusqu’en 1934.
En 1928, Gabriel Baume obtient l’honorariat puis démissionne du barreau parisien pour se consacrer à ses travaux littéraires.
Il meurt en février 1936, à l’âge de 71 ans, renversé sur un passage clouté par un camion. Il est inhumé au cimetière des Batignolles aux côtés de son frère.
« Il laisse à ses confrères un très haut exemple de patriotisme, qui mérite un sentiment de profonde admiration » écrira un journaliste lors de son décès.
Cindy Geraci.
Sources :
Gabriel Baume, dossier ODA.
Presse en ligne sur Gallica et Retronews :
Duel en 1892 :
L’Intransigeant, 12 février 1892
Duel à l’épée 1894 :
La Libre Parole, 20 novembre 1894
Duel en 1895
Le Peuple français, 7 juin 1895
La Politique coloniale, 8 juin 1895
Guerre 1914-1918 :
Sur la loi service militaire 3 ans : Le Matin, 1er juin 1914
Décorations
Journal des débats politiques et littéraires, 21 avril 1915
Décès :
Le Petit Parisien, 9 février 1936
Page 30 sur 35