MASSE Pierre (1879-1942)
Il prête serment en 1899, la même année où son grand-père, bâtonnier français du Barreau de Strasbourg se retire de son poste. D’ailleurs trop âgé pour s’engager lors du conflit ce dernier a repris du service comme rapporteur dans les Conseils de guerre.
Docteur en droit et premier secrétaire de la Conférence, Pierre Masse est également député de l’Hérault lorsqu’il est mobilisé le 1er août 1914. Il rejoint le 23e Régiment d’infanterie territoriale le 3 août 1914. Nommé sous-lieutenant par décret le 30 août, il est affecté au 36e R.I. qu’il rejoint dans le secteur de Laon.
Il est cité à l’Ordre du régiment le 3 novembre 1914 pour avoir « dirigé avec beaucoup d’énergie et de sang-froid une patrouille qui s’est portée à 400 mètres en avant des tranchées, malgré une nuit très claire et un terrain très difficile dans lequel une embuscade ennemie pouvait être très facilement préparée. A pu de ce fait donner des renseignements précis sur les positions ennemies ». Il sera cité à l’Ordre de la division n°1408 du 31 août 1919 pour ces mêmes faits : « Appartenant de par sa classe à une unité territoriale, a été sur sa demande affecté à un régiment actif et envoyé au front avant son tour dès le début de septembre 1914. S’est porté spontanément le 27 septembre 1914 en avant des lignes occupées par sa section pour secourir un blessé français. Malgré la vive fusillade a pu recueillir le blessé, le charger sur son dos et le ramener dans nos lignes, le sauvant ainsi d’une mort certaine ».
En décembre 1914 il est promu lieutenant de réserve à titre temporaire ; il est mis en congé comme membre du Parlement à compter du 16 décembre 1914.
Il est promu capitaine de réserve le 11 juin 1915.
En 1917, il est appelé dans le gouvernement de Paul Painlevé comme sous-secrétaire d’Etat à la Guerre chargé de la justice militaire (septembre-novembre 1917). Il conclut notamment à l’exécution de la célèbre espionne, Mata Hari, fusillée le 15 octobre 1917.
Debout, 4eme à partir de la droite, PIERRE MASSE, Sous-secrétaire d’État à la Guerre, chargé du contentieux et des pensions.
Son frère Georges Masse, aspirant dans la 1ere compagnie du 36e R.I., sera tué au bois de la Caillette devant Douaumont le 12 avril 1916. Il sera décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre avec lesquelles il sera inhumé.
Pierre Masse sera démobilisé le 23 février 1919.
Il est élu membre du Conseil de l'Ordre de 1924 à 1928 ; sénateur en 1938.
Lors de la Seconde guerre Mondiale, et devant les premières mesures antisémites de l'Etat français, Pierre Masse n'hésite pas à protester publiquement : il écrit au Maréchal Pétain pour lui faire part de son indignation ; au Palais, il plaide contre le directeur de "Je suis partout", qui avait diffamé l'écrivain Henry Bernstein.
En février 1941, il reçoit une circulaire adressée à tous les parlementaires leur demandant de préciser s'ils sont d'ascendance juive. Dans une seconde lettre adressée au maréchal Pétain, il exprime avec vigueur son refus d'être traité en « Français de la deuxième catégorie »
Au mois d'août 1941, Pierre Masse est arrêté à son domicile avec plusieurs dizaines d'autres avocats juifs et parmi les plus célèbres du barreau de Paris, Jean Weill, Théodore Valensi, Maurice Azoulay, Albert Ulmo, Gaston Crémieux et Edmond Bloch.
Après plusieurs mois passés dans les camps de Drancy et de Compiègne, il est déporté le 30 septembre 1942 à Auschwitz, par le convoi no 39, où il meurt, probablement au cours du mois d'octobre.
Plus de détails sur la période 39-45 dans cet article : Masse Pierre (1879-1942)
Cindy Geraci.
SPANIEN Samuel (1896-1952)
Samuel Spanien est né le 24 février 1896 à Paris d’un père russe naturalisé français.
Il appartient à la classe 1916. Il effectue son service militaire à l’école militaire de Joinville d’avril à septembre 1915 et devient aspirant d’infanterie à la date du 1er septembre 1915. En novembre 1915 il est envoyé comme chef de section à la 10e Compagnie du 118e R.I., sur le front de Champagne dans le secteur de Tahure-Perthe-les-Hurlus (Marne).
Début 1916, en vertu d’un ordre général visant tous les hommes de la classe 1916, il est affecté au 9e bataillon du 116e R.I., bataillon d’instruction stationné à l’arrière des lignes à Argillières (Haute-Saône) ; dans le même temps il est employé à des travaux dans la région de Prosnes-Sept Saulx dans la Marne.
Il rejoint ensuite le 344e RI comme chef de section à la 23e Cie du 15 septembre 1916 au 31 juillet 1917, date à laquelle il est fait prisonnier avec tout son bataillon au Chemin des Dames, dans le tunnel de Cerny (tunnel creusé par les allemands que les français tentent d’exploser). Durant ces dix mois, il a combattu en Lorraine, dans la Somme, dans l’Aisne et au Chemin des Dames.
En septembre 1918, il tente de s’échapper une première fois du camp de Dulmen en Wetsphalie (proche de la frontière hollandaise) avec son camarade François Bonnet du 28e RI. Il s’agissait d’un camp dit de triage par lequel les prisonniers passaient avant d’aller dans d’autres camps. Samuel Spanien et son camarade ont ensuite été dirigés vers le camp de Minden, « en surveillance spéciale » après leur tentative d’évasion. Tentative qu’ils réitèrent sans succès. Elles lui vaudront l’attribution de la médaille des évadés en 1928 (créée par une loi du 20 août 1926 à la suite de la demande de plusieurs associations d'évadés).
Il revient en France après l’armistice et se repose durant quatre mois « nécessité par les épreuves subies en captivité ». Il est affecté au Bureau des renseignements sur les prisonniers de guerre jusqu’au 15 décembre 1919, date de sa démobilisation.
Samuel Spanien reprend ensuite sa carrière d’avocat et prête serment en avril 1921. Il sera lauréat du concours d’éloquence de la conférence du stage de la promotion 1925-1926.
La Seconde guerre mondiale le mobilise à nouveau.
Tombé malade en février 1940, il est affecté le 20 mars à la section du chiffre de l’Etat-major de l’Armée. Il est mobilisé le 23 août 1940 au 150e RI comme lieutenant de réserve et rejoint le 4e bataillon de ce régiment à Roscroy avant d’être affecté au dépôt de celui-ci à Verdun, puis à Mamers. Suite à l’armistice du 22 juin 1940, il est démobilisé au 1er octobre 1940. Sa médaille des évadés lui a permis d’échapper à l’exclusion du barreau, qui frappe alors la grande majorité des avocats juifs du fait de la politique antisémite de l’État français (décret du 16 juillet 1941).
Il sera, comme ses confrères Félix Gouin et André Le Troquer, défenseur de Léon Blum lors du procès de Riom en 1942. A l’issue du procès, Samuel Spanien participera à de multiples activités de réseaux de résistance et parviendra à organiser des liaisons avec la France Libre.
Il sera désigné en 1947 comme délégué français à l’O.N.U. de la sous-commission de la protection des minorités et de la lutte contre les mesures discriminatoires.
Cindy Geraci.
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