Albert Babeau est né en 1881 à Troyes. Admis au tableau parisien, il démissionnera en 1946.

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Albert fut mobilisé comme lieutenant durant la Première guerre mondiale au 114e Régiment d’infanterie, combattant notamment dans les Vosges et à Verdun.

Il reviendra de ce conflit avec une croix de guerre avec étoile de bronze et une citation :

« Officier animé du plus bel esprit du devoir, a demandé à partir sur le front malgré son état de santé précaire, a tenu les tranchées en Haute Alsace en février et mars 1916 ; Chargé d’exécuter une reconnaissance dangereuse dans un secteur agité. A pu rapporter à son commandant de Cie les renseignements les plus précieux. Croix de guerre avec étoile de bronze ».

En 1940, il justifie sa nationalité française « généalogie établie depuis Henri IV » tout en protestant contre cette loi. Il est maintenu au tableau des avocats parisiens durant toute la période 1939-1945.

Ses talents de poètes lui ont valu plusieurs prix et la récompense académique (prix du budget de l’Académie française avec son œuvre « La Liberté ») ; Marcel Babeau était également peintre aquarelliste, plusieurs fois exposé dans les salons et dont le Musée conserve plusieurs de ses œuvres.

Il participe en 1944 au concours de poésie de la fondation Charles des Guerrois et publie un poème écrit en septembre 1944, dédiés aux martyrs de cette guerre.

Il s’éteindra en 1968.

Aux Martyrs

Dans la grande bataille, il est une autre armée

Que celle que l’on voit passer sous les drapeaux ;

Elle aura bien servi la France tant aimée

Si ses vaillants soldats n’ont pas tous des tombeaux.

 

Ce sont les pauvres morts qui sont tombés pour elle,

Ceux des camps, des prisons, des bagnes, fusillés,

Dont les corps ont jonché les décombres pillés,

Ecrasés par l’angoisse et la douleur charnelle.

 

Ceux-là qui gisent seuls, en quelque coin perdus,

Ceux-là, collés aux murs, les poitrines trouées,

Ceux qu’on a flagellés, avec les mains nouées,

Ceux à qui les honneurs n’ont pas été rendus.

 

D’autres ont moissonné les épis de la gloire,

Mais eux, les membres nus, tordus et torturés,

N’auront jamais connu l’orgueil de la victoire,

Héros ayant souffert tous les maux endurés.

 

En ces jours lumineux, c’est à vous que je pense,

Vous qui portez la plaie ouverte à votre sein.

Dieu qui voit tout, vous garde au ciel la récompense

Réservée aux martyrs, d’un barbare assassin.

 

Saint-Genis-Laval, Ascq, Oradour et Buchères,

Inoubliables noms et qui marquent au fer

La trace indélébile à l’épaule d’Hitler,

Vous évoquez pour nous les voix qui nous sont chères !

 

Holocaustes humains aux autels du foyer,

Vos flammes dans les airs sont des cierges tragiques,

Mais de leurs tourbillons s’élèvent des cantiques

Pour vos cœurs droits et purs qui n’ont pas pu ployer.

 

Devant votre superbe et noble sacrifice,

Enfants, femmes, vieillards, nous prions à genoux ;

Vous êtes le ciment du nouvel édifice :

Toute la France en deuil se reconnaît en vous.

 

Dormez, dormez en paix et que notre prière

S’élance vers le Ciel en un souffle puissant ;

Vous n’aurez pas en vain sur l’argile ou la pierre

Répandu tristement la fleur de votre sang.

 

Car votre âme inconnue en la nôtre demeure ;

Pour toujours nous vivons de votre souvenir ;

Ressuscitant par vous, la France, qui vous pleure,

Forte de votre exemple, a conquis l’avenir.

2 septembre 1944.

 Cindy Geraci

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