Lettre adressée au Bâtonnier
par Antoine Hajje (1904-1941) quelques heures avant son exécution
« 20 septembre 1941.
1h30
Monsieur le Bâtonnier,
Je viens d’arriver du Camp de Royallieu, avec nos confrères Pitard et Rolnikas, au quartier allemand de la Prison de la Santé
Un officier nous a notifié que par ordre de l’autorité supérieure nous serons fusillés ce matin comme otages.
Nous avons protesté, mais vainement.
Nous allons à la mort, satisfaits d’avoir, en toutes circonstances, accompli notre devoir, tout notre devoir.
Nous sommes frappés par la fatalité, et la fatalité est, hélas, injuste.
Nous mourons prématurément, mais c’est pour la France. Nous en sommes fiers
En vous adressant ce mot, je dis adieu à une profession que j’ai aimée ; j’aurai été, jusqu’à la fin, le défenseur de la dignité humaine et de la vérit
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Bâtonnier, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.
Antoine HAJJE ».