Juillet 1941.
« Monsieur le Bâtonnier,
Un parachutiste doit tout prévoir, même la mort.
Je veux dire à mes confrères que je les remercie de la bienveillance qu’ils m’ont manifestée pendant dix années.
Je remercie tout spécialement Monsieur le Bâtonnier Fernand Payen et les Secrétaires de la promotion Marcel Roger qui m’ont fait le très grand honneur de m’appeler à la deuxième place d’une promotion de Conférence. Je conserve à mes camarades de promotion une place très fidèle dans mes pensées et mes attachements.
Je suis fier de servir – comme capitaine de parachutistes – dans l’armée du Général de Gaulle.
Je sais que de Gaulle sauvera le corps de la France, comme il a déjà sauvé son honneur. Je crois dans sa mission, comme je croix dans la résurrection de la France.
Je demande à tous mes confrères de s’unir après la terrible épreuve.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Bâtonnier, l’hommage de mon respect et de ma fidélité.
René-Georges Weill »
Don du Bâtonnier Marcel Poignard, 1946.
Originaire d’Alsace, René-Georges Weill, avocat à la Cour en 1929, est le 2ème Secrétaire de la Conférence dans la promotion 1931-1932. Dès le 20 juin 1940, il s’embarque pour l’Angleterre et rejoint les Forces Françaises Libres. Désireux de reprendre le combat dès que possible, il se porte volontaire pour devenir le capitaine d’un corps de parachutistes. C’est en cette qualité qu’il fait parvenir en juillet 1941 au Bâtonnier Jacques Charpentier la lettre présentée ici.
Dans la nuit du 27 au 28 mai 1942, il est parachuté, en tant qu’agent des services spéciaux, en Picardie afin de réaliser une mission de liaison. Arrivé à Paris, il se rend Porte d’Auteuil, selon un plan prévu d’avance. Mais la police a saisi les bagages de l’un de ses camarades et apprend le rendez-vous. Au moment d’être arrêté, celui-ci met fin à ses jours.