Mai 1942.

BM.S.VIDALN.10104_1

« Monsieur le Bâtonnier,

C'est aujourd’hui qu'aux termes de l'arrêté de la Cour de Paris du 13 Février, je dois cesser l'exercice de ma profession d'avocat,

Plus heureux que mes enfants, j'aurai vu mon père conserver jusqu'à son décès un titre dont il était fier, et dont il avait su m'inspirer le respect.

Fidèle à mon serment, dans le temps même où la Loi m'en délie, je m'interdis d'apprécier Ia mesure excluant du Barreau un avocat qui n'a Jamais éludé aucun de ses devoirs, professionnels, familiaux et nationaux, me bornant à rappeler lu parole du Bâtonnier Liouville exaltant la Liberté: "Aime la, c'est la vie des peuples, c’est leur sang, disait-il, quand il ne bat plus dans leurs artères, ils meurent."

C'est à cet idéal que je veux, en sérénité d'âme, adresser, comme un dernier hommage l’expression de mon attachement et de celle de ma foi.

Recevez, monsieur le Bâtonnier, avec me remerciements les plus chaleureux pour le bienveillant intérêt que vous avez bien voulu manifester à mon égard, l’assurance de mon profond respect »

Lucien Vidal-Naquet

 

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