« Gagnez la rue du cloître Notre-Dame, longez la nef et ses rangées de rames ; après le square où les enfants jouent, à la pointe de l’île, gît un hypogée dont l’étrave immobile fend le cours de la Seine », (notice d’Albert Brunois sur la vie et les travaux de Paul Arrighi, séance de l’Académie des Sciences morales et politiques, 23 mai 1978).

 

En 1952, l’avocat, résistant et déporté Paul Arrighi crée, avec Gilbert Dreyfus, Max Gonfreville, Mme Lazard et le révérend père Michel Riquet, le « réseau du Souvenir », association qui a pour but d’exalter le sacrifice de la déportation 1939-1945, de transmettre le souvenir de la Déportation, susciter l’hommage de la Nation envers les victimes et faire réfléchir les contemporains. Avec cette association, Paul Arrighi est à l’origine de ce mémorial, bâti en 1962 à la pointe de l’Île de la cité.

La volonté de l’association était de construire un mémorial consacré en lettres aigües « Aux deux cent mille français morts dans les camps de concentration ». Le « réseau du souvenir » collecte les fonds (souscription en 1960), acquiert les terrains et résoud les difficultés administratives. Le mémorial voit le jour après dix années de projet.

Construit par l’architecte Georges Henri Puingusson, choisi à l’issue d’un concours restreint, ce mémorial est édifié à la pointe de l’Ile de la Cité, en contrebas du square de l’Île-de-France. « Dans une cour blanche et nue, cernée de murs rugueux, qui découpent, déchirés par le fer, un moment de notre fleuve, un coin de notre ciel… Prison de pierre que vient battre le libre murmure de l’eau et que survolent – escadrille silencieuse - les souvenirs apaisés des évasions sans retour…. » (Remise de l’épée d’académicien à Paul Arrighi, 29 mai 1964).

Le bâtiment est construit en béton massif d’un seul bloc. Dans la crypte, un long couloir dont les murs sont recouverts de 200 000 bâtonnets de verre symbolisant les victimes de la déportation dans les camps nazis, est précédé par une dalle de bronze circulaire sous laquelle reposent les restes mortels d’un déporté inconnu, exhumé de la Nécropole nationale du Struthof. A droite et à gauche de la crypte, sont creusées des niches triangulaires présentant quinze urnes contenant chacune de la terre et des cendres provenant des principaux camps nazis.

La visite se poursuit ensuite dans de longs couloirs où sont exposés de nombreux documents sur les camps et la déportation.

Le mémorial a été inauguré par le Général de Gaulle, Président de la République, le 12 avril 1962.

L’association a fait don de ce monument à l’Etat en 1964. Il est classé Monument historique depuis novembre 2007.

Informations :
Square de l’Île de France-
7 quai de l'Archevêché
75 004 Paris
L’entrée est libre et gratuite.
Site de l’ONACVG

Bibliographie :
Billet n° 81 – LE MEMORIAL DE GEORGES-HENRI PINGUSSON (1894-1978), Compagnie des experts architectes près la Cour d’appel de Paris. 
Remise de l’épée d’académicien à Paul Arrighi, allocution de René Bondoux, 29 mai 1964.
Notice d’Albert Brunois sur la vie et les travaux de Paul Arrighi, séance de l’Académie des Sciences morales et politiques, 23 mai 1978.
Photographies : CG / Musée du barreau, Droits réservés.

 

 Cindy Geraci



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