Le Barreau sous l’Occupation

L’évocation de cette époque noire de notre histoire est nécessairement noire, elle aussi.

Cette évocation sera principalement fondée sur ce que le groupe de travail a expurgé et découvert dans les archives de l’Ordre.

Il s’agit : des délibérations du conseil de l’ordre pendant toute la période, de la correspondance du bâtonnier avec ses confrères et les autorités, plus particulièrement avec la Chancellerie, des protestations et acquiescements implicites ; et, en contrepoint, les biographies des 100 confrères dont on souhaite évoquer la mémoire, et dont le sort, pour beaucoup, nous ramène à la vie du barreau, à celle de l’Ordre.

Elle se rapporte aussi, nécessairement, aux recherches et travaux et publications antérieures qui sont déjà très nombreuses sur la question. Au premier chef, l’ouvrage de Robert Badinter « Un antisémitisme ordinaire » publié dès 1997, à partir de nos archives qui lui avaient alors été ouvertes, et l’ouvrage de référence de Liora Israël « Robes Noires Années sombres » de 2005. Ou encore l’ouvrage collectif publié, en 2018, à la Documentation Française par l’Association Française pour l’Histoire de la Justice « Juger sous Vichy et Juger Vichy », sous la direction de Jean Paul Jean, où figurent deux articles d’Yves Ozanam, « Le Barreau de Paris pendant la deuxième guerre mondiale » et « De Vichy à la résistance, le bâtonnier Jacques Charpentier », qui rendent compte, eux aussi, des archives de l’Ordre.

En fait, l’essentiel est déjà connu, bien connu et analysé. Notre travail pourrait apparaître superfétatoire. Il consiste essentiellement, et dans la lignée de ce qui avait été fait, 100 ans après, à la mémoire des 232 confrères morts au combat en 14/18, de rendre un hommage de même nature à « nos morts » pendant le deuxième grand conflit mondial. Il diffère évidemment car ce ne sont plus uniquement des avocats morts sur le front militaire, mais aussi des déportés politiques et raciaux… qui n’en demeurent pas moins tous « morts pour la France ! »

Le bâtonnier Castelain a déjà dit, en juin 2011, au mémorial de la Shoah, et parfaitement dit, combien « il est douloureux de rappeler que, tout le long de ce processus barbare d’élimination de nos confrères, l’ordre des avocats n’a élevé aucune protestation, à aucune des étapes de cette élimination ».

Il s’agit pour nous, ce soir, d’ouvrir une nouvelle exposition virtuelle sur le site du musée, à la mémoire de nos confrères disparus pendant cette période, sans éluder aucune des causes et des circonstances. C’est un travail de longue haleine, qui va s’enrichir grâce au travail opiniâtre du groupe de travail que nous avons constitué et qui vous a été présenté tout à l’heure, dont l’avancement à venir justifiera sans doute d’autres points d’étapes.

Basile Ader, Conservateur du Musée, Vice-Bâtonnier du Barreau de Paris.

 

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