Si certains avocats mobilisés rejoignent le front, d’autres se retrouvent à la tête de la politique de la France en guerre.
Raymond Poincaré (1860-1934).
Avocat au barreau de Paris (serment en 1880). Docteur en droit en 1883. Il devient secrétaire de Me Henry du Buit, avocat d'affaires reconnu. En 1895, il ouvre son propre cabinet, et détient une clientèle très prestigieuse pour les affaires de presse, les affaires littéraires et le droit des sociétés. Il a parmi ses clients les plus grandes entreprises industrielles et financières du moment.
Il est élu président de la République 17 janvier 1913.
Il est reçu Académicien en 1909.
Dès le début d’août 1914, le gouvernement et tous les français pensent que cette guerre va être courte, quelques semaine, au plus un mois. Mais les mauvaises nouvelles se succèdent à partir du 20 août. Poincaré est tenu à l’écart par l’Etat-Major. Fin août, les allemands se rapprochent de Paris et le gouvernement se voit dans l’obligation de partir à Bordeaux.
Poincaré retournera à Paris fin décembre 1914. Mais il est toujours tenu à l’écart des décisions militaires. Son rôle est réduit à des fonctions de représentation et de cohésion de la nation, rôle qui ne bougera guère durant le conflit.
Il n'hésite pas à venir au front (essentiellement dans la Meuse et dans la Somme) afin de juger du moral des troupes et des populations déplacées.
Il est convaincu de la responsabilité de l'Allemagne dans le déclenchement du conflit. Il est partisan de la victoire à tout prix. A ce titre, il soutient la stratégie du haut-commandement français d'offensive de 1914 à 1917. Lorsqu’en 1917, la France et ses alliés sont affaiblis par une série de crises politiques et militaires, il choisit de nommer Georges Clémenceau à la tête du gouvernement et ce, bien que ils se détestent mutuellement.
Il quitte la présidence de la République en 1920. En 1922, il répond à l’appel de Millerand pour régler notamment le problème épineux des dettes de guerre de l’Allemagne envers la France.
Chromolithographie espagnole pour les Chocolats Amatller à Barcelone. Années 1920.
René Viviani (1863-1925). Avocat au Barreau de Paris, Secrétaire de la Conférence. Après avoir obtenu la licence, il s'inscrit d'abord au barreau d'Alger puis il revient à Paris où il est secrétaire de la conférence des avocats, puis secrétaire de Millerand. Il fait, avec son confrère Raymond Poincaré, voter la loi permettant que les femmes puissent être avocates (1900).
Cofondateur du journal L'Humanité avec Jean Jaurès, ancien ministre du Travail, président du Conseil au moment de la déclaration de la guerre de 1914 – 1918.
Président du Conseil du 13 juin au 26 août 1914 et Ministre des Affaires étrangères du 13 juin au 3 août 1914. Le 1er août, il décide la mobilisation générale. Il donne lecture aux Chambres du message de Raymond Poincaré qui lance la formule de " l'Union sacrée " : la France " sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée ".
Président du Conseil du 26 août 1914 au 29 octobre 1915 et Ministre des Affaires étrangères du 13 au 29 octobre 1915.
Ministre de la Justice du 29 octobre 1915 au 12 décembre 1916.
Ministre de la Justice et de l'Instruction publique du 12 décembre 1916 au 17 mars 1917.
Ministre de la Justice du 20 mars au 7 septembre 1917.
Il perdra son beau-fils, mort au champ d'honneur durant ce premier conflit.
Carte postale vers 1914.
Alexandre Millerand (1859-1943)
Inscrit au Barreau de Paris en 1881, il devient secrétaire de la Conférence dans la même promotion que Raymond Poincaré (1882-1883). Il est spécialisé dans le droit des affaires et le droit social.
Il mène également une carrière de journaliste en collaborant notamment au journal de Georges Clemenceau, La Justice.
En 1914, il crée la Fédération des gauches (avec les députés favorables à la loi Briand des Trois ans) puis la Ligue républicaine nationale, affirmant ainsi son patriotisme.
Durant le 1er conflit mondial, il est ministre de la Guerre dans le gouvernement Raymond Poincaré du 14 janvier 1912 au 12 janvier 1913 puis dans le gouvernement René Viviani du 26 août 1914 au 29 octobre 1915.
Il remplit le rôle d’intermédiaire entre le Grand Quartier général du général Joffre et son gouvernement, exprimant ainsi la volonté du commandant en chef durant tout son mandat : il estime en effet que son rôle doit se contenir à assurer la satisfaction du généralissime, et non à lui donner des ordres. Cette attitude lui sera fortement reprochée au Parlement et au sein du Conseil des Ministres, le considérant alors comme la principale faiblesse du gouvernement. Il n'est d’ailleurs pas reconduit à la chute de Viviani.
A la fin de la guerre lui incombe la tâche de réorganisation de l’Alsace-Lorraine.
Buste en bronze de Victor Segoffin, 1908.