Petit fils de notaire provençal, il fait des études de dentiste puis ouvre un cabinet avant de se réorienter vers le commerce maritime et colonial.
Après quelques malversations financières qui lui valent de s’expatrier notamment en Argentine où il se marie, il rentre en France en 1904 et épouse Mme Muller née Pauline Moiriat, ex-chanteuse de music-hall, veuve d’un riche négociant en vins de bordeaux, Fernand Muller. Mme Veuve Muller lui signe alors une procuration sur sa fortune : désormais riche, Bolo mène la grande vie.
Durant une dizaine d’années, il fonde plusieurs entreprises commerciales, bancaires ou philanthropiques et se lient avec de nombreuses personnalités politiques dont Joseph Caillaux. En 1914, il devient le conseiller financier d'Abbas II Hilmi, khédive d'Égypte, dont il reçoit le titre de pacha. Mais fin 1914 le kédhive, considéré comme trop proche de l’Allemagne est contraint de s’exiler en Suisse. Bolo demeure son conseiller en exil et développe des relations étroites avec des banques allemandes et convainc l'Allemagne de corrompre la presse française pour y publier des articles pacifistes destinés à atteindre le moral des Français.
Une enquête est diligentée en janvier 1917. Elle aboutit à l’établissement d’un lien direct entre Bolo et une banque américaine où sur le compte français au nom de Bolo, des millions de marks de la Banque nationale allemande, via cette banque américaine, ont été crédités.
Bolo est arrêté en septembre 1917 et déféré en février 1918 devant le Conseil de guerre de Paris.
Il est accusé d’avoir « entretenu des intelligences avec l’Allemagne, puissance ennemie, en se faisant remettre par le gouvernement allemand une certaine somme d’argent dans le but de favoriser les entreprises dudit ennemi, notamment de provoquer un mouvement d’opinion dans la presse française ».
Albert Salles, avocat de Bolo-Pacha, a été commis d’office par le Bâtonnier Henri Robert. « Privé du concours des jeunes classes, le Bâtonnier a mobilisé les anciennes […] » rappelle-t-il à l’audience. Albert Salles est un excellent avocat d’affaires, et pas familier des affaires criminelles, encore moins des conseils de guerre, ce qui ne l’empêchera toutefois de déployer son art au service de son client.
Malgré une belle plaidoirie, Bolo Pacha n’échappe pas à la peine de mort : il est condamné à mort le 14 avril 1918 et fusillé à Vincennes le 17 avril.