Jusqu'à la Première guerre mondiale, le système des décorations et ordres français comprenait des médailles commémoratives (médaille coloniale) et des ordres pour les actions d’éclats et les années de service tels la médaille militaire et la Légion d’Honneur. Mais rien n'était prévu pour les combattants. Le besoin de leur créer une récompense s'est donc imposé dès les débuts du conflit.
Il existait un système de « citation à l'ordre du jour », destiné à mettre en avant le comportement méritoire des soldats au feu mais celui ne constituait qu’un témoignage écrit, repris dans les communiqués officiels, les états de service et le livret militaire. Mais elle n’était pas satisfaisante au regard de l’ampleur des combats de 1914, leur intensité et enfin le nombre de soldats engagés.
Il devenait nécessaire de créer à un signe distinctif clair et visible, qui permettait au chef de décorer les plus vaillants de ses soldats sur les lieux même des combats et créer une émulation et vanter l’exemplarité au feu.
À la fin de l'année 1914, le général Boëlle, commandant alors le IVe Corps réussit à convaincre le député de Paris, l'écrivain Maurice Barrès, de proposer un projet de médaille pour décorer les soldats, après un exploit particulier.
Le 23 décembre 1914, le député Georges Bonnefous dépose un projet de loi, signé par 66 députés visant à créer une médaille dite de la Valeur militaire. Le député Émile Driant, qui siège alors au parlement entre deux séjours au front, se fait tout naturellement le porte-parole du projet.
Le 4 février 1915, Émile Driant présente et soutient devant l'Assemblée nationale, le rapport de la commission de l'armée. « Créons un ordre récompensant la valeur militaire, mais en lui donnant un nom bref qui sonne clairement et qui, à lui seul, exclut la faveur de l'ancienneté. On l'appellera la Croix de guerre, ce sera une croix de bronze clair, à quatre branches, surmontée d'une couronne de lauriers, et suspendue à un ruban vert uni, le vert de la médaille de 1870-1871, débarrassé des rayures noires qui symbolisaient le deuil de l'autre siècle ».
Après la présentation de plusieurs projets, le modèle du sculpteur Paul-Albert Bartholomé (également auteur du Monument aux morts du Palais de Justice de Paris) fut choisi.
Le Sénat choisit le ruban vert rompu par de fines rayures rouges, associant, ainsi, le symbole du sang versé à celui de l'espérance tout en rappelant celui de la médaille de Sainte-Hélène donnée aux anciens soldats du Premier Empire.
La loi est finalement votée le 2 avril 1915, et promulguée le 8 du même mois.
La croix de guerre est conférée de plein droit aux militaires des armées de terre et de mer, français ou étrangers, qui ont obtenu, pour fait de guerre pendant la durée des opérations contre l'Allemagne et ses alliés, une citation à l'ordre d'une armée, d'un corps d'armée, d'une division, d'une brigade.
Elle est également conférée en même temps que la Légion d'honneur ou la Médaille militaire aux militaires ou civils non cités à l'ordre, mais dont la décoration a été accompagnée, au journal officiel, de motifs équivalant à une citation à l'ordre de l'armée pour action d'éclat.
Enfin, les villes martyres, les villages entièrement détruits ou les cités ayant résisté héroïquement se verront attribuer la Croix de guerre, qui figurera à la place d'honneur dans leurs armoiries.
Le Barreau de Paris a été cité à l’ordre de l’armée par un arrêté du Ministère de la Guerre du 31 décembre 1927 en ces termes :
«Voué par ses hautes traditions au service de la Patrie, de la Justice et du Droit, a vu se dresser, au début de la guerre, toute sa jeunesse pour la défense d’une cause sacrée et a donné, par l’offrande de ses morts glorieux et les nombreuses distinctions qu’ont méritées ses membres, la mesure de ses vertus militaires et de son esprit de sacrifice ».
Le Barreau de Paris recevra la Croix de guerre le 19 avril 1928 des mains du Président de la République Gaston Doumergue.