Né à Paris, Armand Isaac Dorville effectue de brillantes études de droit : il est lauréat de la Faculté de droit de Paris. Après un stage chez un avoué, il prête serment au barreau de Paris en 1899 et devient le collaborateur de Cruppi. Il obtient son doctorat en 1901 avec une thèse intitulée : De l'Intérêt moral dans les obligations, étude de droit comparé sur le principe de réparation pécuniaire des dommages non-économiques. Il se spécialisera par la suite dans le droit financier. Il est nommé 4e secrétaire de la Conférence, dans la même promotion que son confrère Louis Rollin.
Passionné d’histoire, Armand Dorville était également un amateur et collectionneur d’art.
En 1914, il part le 2 août comme adjudant au 83e régiment territorial d’infanterie. Il est blessé une première fois à Tournai en Belgique, d’un éclat d’obus et soigné, caché dans l’asile d’aliénés du Hainaut à Froidmont, occupé par les Prussiens, d’où il s’échappe le 29 août en traversant les lignes ennemies pour rejoindre l’hôpital de la Roche-sur-Yon. Il arrive à Rouen le 31 août où il passe la nuit à l’Hôpital de la Croix Rouge comme en atteste son livret militaire.
« C’est pour moi, écrit-il à son Bâtonnier le 6 juin 1915, un souvenir heureux. Ne dois-je pas le partager avec mes confrères ? ». Ces faits lui vaudront une citation à l’ordre du 4e corps d’Armée le 26 mai 1915.
Il est promu sous-lieutenant le 23 novembre 1914 et désigné pour remplir les fonctions de commissaire rapporteur au Conseil de guerre de la 8e division, poste auquel il reste jusqu’au 1er septembre 1917. Durant cette période, il a pris part comme officier de liaison à toutes les affaires dans lesquelles sa division a été engagée. Il est donc sur le front sur des secteurs régulièrement bombardés : en 1915, à la bataille de Champagne, en 1916 devant Verdun, en 1917 en forêt d’Apremont et devant Moronvilliers.
Il est promu lieutenant à titre définitif le 25 octobre 1916 comme attaché à l’Etat-Major de la Division. Il est proposé comme chevalier de la Légion d’honneur dès 1917.
Il est titulaire de la Croix de guerre.
Il est élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur le 14 juillet 1918.
Comme ses confrères il est démobilisé en 1919 et reprend le chemin du Palais. Il sera élu membre du Conseil de l’Ordre de 1927 à 1931.
Transcription de la lettre d'Armand Dorville au Bâtonnier.
« Cher Bâtonnier,
N’es-tu pas un peu notre Père et ne te devons nous pas en capots bleus comme en robe noire le compte de nos actes et le récit de nos gestes ?
J’ai été blessé le 4 août à Tournai d’un éclat d’obus au genou : combat de rues, corps à corps sanglant et monstrueux. Je suis resté caché cinq jours dans un asile d’aliénés occupés par les Prussiens. Je me suis miraculeusement évadé grâce au courage de quelques Roubaisiens notoires qui après deux tentatives infructueuses sont parvenus à me faire passer les lignes ennemies en me cachant au fond d’une voiture (?) de livraison.
De convoi en convoi, d’infirmerie en hôpital, j’ai fini par gagner (…) de la Roche sur Yon où se trouve le dépôt de mon Régiment territorial.
J’ai attendu que ma blessure se cicatrisât et la jambe encore trainante le genou encore ankylosé je suis venu à Grammelle en convalescence auprès de mon jeune frère qui n’a rien dans les combats du (?) une blessure heureusement sans gravité.
J’espère être guéri dans quinze jours et reprendre ma place. Si un mot de toi me donnant les nouvelles de Raynaud et de de Ditts tu ferais un heureux.
Je te serre affectueusement les mains.
Armand Dorville ».