CAMPINCHI César (1882-1941)

César Samporio Campinchi est né le 4 mai 1882 en Corse du Sud.

Il étudie d’abord au lycée Condorcet puis à la faculté de droit de Paris. En 1906, Il est élu Président de l'Association des étudiants, où il se révèle être un excellent administrateur. Ses camarades lui doivent la construction de la Maison des étudiants, rue de la Bûcherie. Après un stage d’étude dans un cabinet d’avoué, il s’inscrit au Barreau et poursuit sa carrière notamment comme collaborateur d’Alexandre Millerand. Le bâtonnier Henri Robert le prend en amitié, liens qui ne lâcheront jamais.

Il est élu secrétaire de la Conférence dans la promotion de 1910-1911 et poursuit ses talents comme chroniqueur judiciaire à Gil Blas, à l’Evènement et Au Temps.

Campinchi portrait

 

Lorsque la Grande Guerre éclate, il est réformé de la classe 1902 pour cause de myopie mais a voulu s’engager dans un régiment « pour être sûr de partir de suite ». Il s’engage volontairement le 22 août 1914 à la mairie du 5e arrondissement de Paris au titre du 17e Régiment d'Infanterie à Epinal. Arrivé au corps le 3 septembre, il est affecté au dépôt. Il demande par deux fois à partir au feu, sans succès, jusqu’en novembre 1914 où il se retrouve aux tranchées de Liévin et où il mène la vie de tous les camarades, effectuant plusieurs patrouilles de nuit.

Il est blessé le 17 décembre 1914 à Notre-Dame-de-Lorette lors d’une attaque de jour : une balle « presque à bout portant » écrit-il au Bâtonnier, lui coupe le triceps et lui enlève une partie de l’humérus. « C’est insensé les ravages que cela fait. […] et j’ai un trou où je pourrais passer le poing ».

Campinchi lettre au batonnier

Il est soigné à Amiens jusqu’au 12 mars où il subit deux opérations « dont une sans chloroforme », avant d’être transféré à l’hôpital 123 (51 rue Saint Georges à Paris).

Campinchi lettre au batonnier 6 avril 1915

Suite à cette blessure, il repart au 81e régiment d’artillerie lourde (le 22 septembre 1916) avant  de rejoindre le 86e Régiment d'artiellerie lourde et d’être définitivement déclaré inapte aux armées combattantes le 23 février 1917 pour «impotence fonctionnelle partielle du bras gauche ». Il poursuit néanmoins son engagement volontaire à la 4e section d’infirmier avant d’intégrer la 20e section des secrétaires d’état-major le 3 novembre 1917.

Démobilisé le 19 mars 1919,  il reprend une vie normale au Palais de Justice où il plaidera des causes retentissantes : Fieschi contre Léon Daudet, André Benoit Directeur de la police judiciaire inculpé de trafic d'influence, Garat impliqué dans le procès Stavisky, etc. Il est partie civile pour Marius Plateau contre Germaine Berton, pour l'Hetman Peltlioura dans l'affaire des pogroms d'Ukraine.

Campinchi mdaill militaire

Il se marie en 1925 avec Hélène Landry, fille d'Adolphe Landry ancien député et sénateur de la Corse, ancien ministre, elle-même avocat à la Cour d'Appel de Paris.

Il est élu membre du Conseil de l’Ordre de 1928 à 1932.  

Il embrasse par la suite une carrière politique : député de la Corse de 1937 à 1940, ministre de la Marine du 22 juin 1937 au 18 janvier 1938 dans le gouvernement Camille Chautemps ; ministre de la Justice du 18 janvier 1938 au 13 mars 1938 dans le gouvernement Camille Chautemps où il a présenté la Proposition Campinchi concernant le droit et la protection des mineurs ; ministre de la Marine militaire du 13 mars 1938 au 16 juin 1940 dans le gouvernement Léon Blum, le gouvernement Édouard Daladier et le gouvernement Paul Reynaud où il organise en cette qualité la flotte de guerre.

En 1939, il est autorisé à porter la croix du combattant (décret du 20 février 1939).

En juin 1940, il se déclare partisan de la poursuite de la guerre aux côtés de l’Angleterre et ne cache pas son opposition à l’armistice.

Il s'embarque le 16 juin sur le Massilia pour l'Algérie et est arrêté à son arrivée. Placé par le Gouvernement de Vichy en résidence surveillée à Casablanca, puis à Alger, et enfin à Marseille, il poursuit son action et organise autour de lui la résistance. Il s’attend à être traduit devant la Cour de justice et prépare sa défense.

Il ne comparaîtra pas à Riom, mourant d’une maladie en février 1941.