Né en 1845 à Grenoble, Edouard Clunet prête serment au barreau de Paris en 1866.
Il est mobilisé comme sergent d’infanterie durant la guerre de 1870-1871, où il obtient la médaille militaire le 30 décembre 1870 pour faits de guerre et belle conduite pendant le bombardement du plateau d’Avron près de Paris les 27 et 28 décembre 1870.
Il plaidait beaucoup et dans les affaires les plus variées : parmi sa clientèle figuraient de nombreux artistes, Sarah Bernard étant la plus connue. Il était également l’avocat de plusieurs théâtres comme celui de grandes sociétés industrielles ou commerciales ; il a plaidé aux assises dans le procès Humbert ainsi qu’en correctionnelle dans le procès de la ligue des patriotes.
Mais sa spécialité était le droit international : cela consistait à accorder dans la mesure du possible les législations des différents peuples. Il a plusieurs fois défendu les intérêts de la France devant la Cour d’arbitrage de la Haye.
En 1874, il crée d’ailleurs le Journal du Droit international.
En 1911, il devient le président de l’Institut de Droit international et en 1912, président de l’International Law association de Londres. Il obtient en 1913 le titre de Doctor Honoris Causa de l’Université d’Oxford.
Durant la 1ere guerre mondiale, il n’est pas mobilisé en raison de son âge (48 ans !). Néanmoins, il combat avec sa plume et écrit dans les journaux Le Temps et le Figaro « avec une indignation éloquente et documentée, des articles où il dénonçait la malédiction du monde civilisé les manquements continuels de l’Allemagne aux règles du droit des gens et aux lois de la guerre » (La Gazette du Palais, 1922).
En 1916 il fête ses cinquante ans d’inscription au barreau de Paris.
En avril 1917, il perd son fils Jean, docteur en médecine. Mobilisé volontaire depuis le 1er août 1914, il fait les campagnes de Charleroi et de la Marne avant de partir en Salonique à Corfou. Rescapé de la Provence, navire torpillé par l’ennemi, il succombe à une attaque du typhus contracté en soignant les soldats roumains dans l’ambulance offerte par la France à la Roumanie, dont il était le chef.
Endeuillé, il reprend le chemin du Palais et est commis d’office en juillet pour défendre - en vain - Mata Hari au Conseil de guerre.
En 1919, il est nommé par le gouvernement français comme membre français dans la commission anglo-française s’occupant des tombes des soldats anglais morts au champ d’honneur sur le sol français. Il était chargé de donner, le cas échéant, un avis sur les questions juridiques que cette situation pouvait soulever.
Il obtient la Légion d’honneur en 1921.
Il décède en octobre 1922 et est enterré au cimetière du Père Lachaise (65e division).
Cindy Geraci.