1275 avocats au Barreau de Paris sont mobilisés durant la Grande Guerre soit la moitié des effectifs. Dès le début de la guerre, le barreau fonctionne en effectif réduit, rappelant ses avocats honoraires pour remplacer les mobilisés.
Les avocates inscrites au tableau de l’Ordre des avocats de Paris sont en 1914 au nombre de 23.
« La loi qui a admis les femmes à l’exercice de la profession d’avocat, n’a plus depuis la guerre de détracteurs au palais. Nos confrères femmes se sont prodigués », écrira en 1916 Me Charles Chenu.
Plusieurs femmes s’engageront dans la profession d’avocat durant le conflit : ainsi Le Gaulois du 28 octobre 1917 rapporte sur les six licenciés en droit prêtant serment d’avocat, trois sont des jeunes filles et de préciser leur identité (pour deux d’entre elles) : Me Jacqueline Bertillon, fille et petite-fille des statisticiens connus, nièce du créateur de l’anthropométrie judiciaire, et Isabelle Lucien-Sauphar fille du maire-adjoint du 9e arrondissement, toutes deux âgées de 20 ans.
Elles seront 30 en octobre 1916 puis 35 en juillet 1917. En janvier 1918, la Française nous indique qu’elles sont 46 avocates dont 36 stagiaires.
Notre rôle, dit Jeanne Chauvin au journaliste du Figaro en juillet 1915, « en ce moment, est le même que celui de toutes les femmes dans toutes le professions dans tous les services publics : c’est de contribuer de tout notre pouvoir à maintenir quand même l’ordre intérieur et la vie normale dans notre pays, tandis que les autres, les vrais défendeurs du Droit et de la Justice, luttent avec leurs forces, avec leur vaillance, avec leur héroïsme pour sauver notre civilisation et l’intégrité de notre France » (Le Figaro, 1er juillet 1915).
Les avocates sont de plus en plus nombreuses à plaider en remplacement de leurs confrères partis au front, au civil comme au pénal. Elles plaident également dans les conseils de guerre. Trois conseils de guerre siègent chaque jour, de 12h à 7 heures du soir. Agathe Dyvrande raconte que les avocates viennent de plus en plus souvent au palais depuis la guerre : « n’ayant pas l’honneur de servir, nous tenons à remplir avec zèle la tâche plus modeste qui est la nôtre ». Et sa consœur Jeanne Bernard de rajouter : « ce n’est pas sans raison que l’on a dit que les avocates étaient mobilisées dans les conseils de guerre. Elles y apportent la pitié et y obtiennent l’indulgence. Et il leur semble, quand elles ont bien défendu un de ces pauvres diables qui échouent en Conseil de guerre, pour une minute de défaillance-après s’être, bien souvent, vaillamment battu- qu’elles ont aussi fait œuvre de soldat ».
En novembre 1915, elle écrit un article dans la Française au sujet des avocats pendant la guerre dans lequel elle explique que certaines avocates sont restées au foyer « retenues par de douloureuses blessures du cœur » ; d’autres sont engagées comme infirmières, tandis que plusieurs siègent au palais au bureau des consultations gratuites, ouvert quotidiennement au Secrétariat de l’ordre des avocats. Des avocates volontaires sont également appelées par le Ministère de l’Intérieur pour remplir le rôle de rapporteur à la commission supérieure des allocations. Et elles sont nombreuses à plaider aux Assises, en correctionnelle, au civil pour des affaires de divorces et d’accidents du travail, ou encore dans le domaine du droit des enfants. Elles participent également activement aux actions de l’Ordre notamment en constituant des colis pour les avocats mobilisés : en 1914 ont participé à l’emballage des paquets les avocates Mme Roussel, Melles Borrel, Dupuis, Giraud et Germaine Piquard.
Comme la plupart des femmes, les avocates sont engagées depuis le début du conflit dans différentes fonctions. Plusieurs développent diverses formes de militantisme et participent voire organisent des conférences : l’étude de la presse d’époque nous montre par exemple que Maria Vérone, féministe engagée, effectue des conférences durant toute la durée du conflit (et même après !).