Au début du conflit, la Roumanie reste neutre jusqu’au 27 août 1916 où elle rejoint les Alliés.
Le 2 octobre 1917, le Bâtonnier Henri Robert communique à son Conseil une lettre de T.J. Djervara, ministre de Roumanie en Belgique, demandant l’appui du bâtonnier et du Conseil de l’Ordre dans l’intérêt de Michel Antonesco, ancien bâtonnier de Bucarest, déporté en Allemagne, au camp de Holzminden. Henri Robert a sollicité à cet effet la haute intervention de S.A. le Roi d’Espagne.
M. Antonesco exerçait depuis janvier 1914 au ministère roumain de la Justice puis à celui des finances. Depuis l’entrée en guerre de la Roumanie, il remplissait également plusieurs missions auprès du gouvernement français. L’ancien Bâtonnier de Bucarest, âgé de 62 ans, est emprisonné depuis le mois d’août 1917 : « interné en Allemagne dans un camp de prisonniers et traité avec la dernière cruauté » rapporte un télégramme du Ministre d’Etat en Roumanie adressé au Journal (L’Echo d’Alger, 16 septembre 1917). Le Figaro du 26 décembre 1917 précise qu’il est emprisonné avec Diaconesco, Procureur Général de la Cour d’appel de Bucarest, « sans aucune accusation précise », et ajoute que M. Antonesco est à l’hôpital à la suite d’une fracture du bras gauche causée « par une chute de la baraque qu’il habite ».
Michel Antonesco demande à son ami de lycée, T.J. Djervara, d’intervenir auprès du Président de la République Raymond Poincaré afin qu’il soit interné dans une infirmerie plutôt que dans un camp, souffrant d’une maladie du cœur (dont il mourra après la guerre). Il connaissait Raymond Poincaré pour avoir dîné à plusieurs reprises avec lui lorsqu’il était Bâtonnier de Bucarest. Michel Antonesco est ainsi libéré et trouve refuge à Paris. Il exerce alors comme « envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S.M. le Roi de Roumanie auprès du gouvernement de la République française » (L’Homme enchaîné, 30 octobre 1917).
Jusqu’en avril 1918, il occupe ce poste depuis la France. Lors de l’arrivée au pouvoir en Roumanie du ministère Maghiloman, plutôt germanophile, il démissionne. Il quitte Paris le 28 septembre 1918 pour rentrer en Roumanie, chargé d’une importante mission auprès de son Roi. Il effectue le trajet de Salonique à Jassy en aéroplane, transportant des documents de haute importance, permettant la chute du cabinet Marghiloman.
Pour cet acte, il fait l’objet d’une citation du Général Franchet d’Espérey (1846-1942 ; en 1918 il est commandant général des armées alliées d’Orient) :
« M. Antonesco a accompli avec une rare audace, une mission délicate et périlleuse. A réussi grâce à son énergie et à sa persévérance et malgré de multiples difficultés, à assurer dans les meilleurs conditions de rapidité la transmission de documents de la plus haute importance ».
En décembre 1918, Michel Antonesco revient en France en qualité de « ministre de Roumanie auprès de la République ». Il est titulaire de la Croix de guerre française avec palmes.
A la fin de l’année 1918, une fois l’armistice signée, les avocats roumains présents à Paris se sont rendus à l’Ordre des avocats de Paris où ils ont été reçus par le Conseil de l’Ordre dans la grande salle de la Bibliothèque, où se situe le tableau d’honneur des morts pour la patrie. M. Take Jonesco (1858-1922), homme d’Etat roumain a célébré le courage des avocats français, discours auquel le Bâtonnier Henri Robert a répondu par un éloge enthousiaste de la Roumanie.