Joseph Caillaux (1863-1944)
Joseph Caillaux (1863-1944) est élu député de la Sarthe avant de poursuivre sa carrière politique comme ministre des finances ; il est connu pour être non seulement l’instigateur de l’impôt sur le revenu mais aussi le mari d’Henriette Caillaux assassin du directeur du Figaro Gaston Calmette en mars 1914.
Contraint de démissionner de ses mandats politiques, il revient au gouvernement peu avant le début du conflit en étant réélu député. Farouchement opposé à la guerre, il est favorable à une négociation armée à l’inverse de Clémenceau, avec qui il était déjà en désaccord en 1911, ce dernier lui reprochant la convention conclue avec l’Allemagne pour résoudre la crise marocaine.
Il est soupçonné dans un premier temps d’être impliqué dans les affaires Bolo Pacha et du Bonnet rouge. Dans la séance de la Chambre du 11 décembre 1917, le président Paul Deschanel annonce qu’il a été saisi de deux demandes « en autorisation de poursuites » contre deux députés – Joseph Caillaux et Loustalot. La plainte émanait du gouverneur militaire de Paris qui l’accuse notamment de diverses tractations pour opérer un rapprochement entre la France et l’Allemagne au détriment de la Serbie et de la Roumanie.
Joseph Caillaux clame son innocence à la Chambre qui à sa demande (pour qu’il puisse s’expliquer) vote la levée de son immunité parlementaire le 29 décembre 1917.
Il est arrêté le 14 janvier 1918 pour « intelligence avec l’ennemi en temps de guerre ».
Après de longs mois d’instruction, il est traduit devant le Sénat réuni en Haute Cour de Justice. Le procès s’ouvre au Palais du Luxembourg le 23 octobre 1919.
Accusé de trahison et de complot contre la sûreté de l’Etat, il est défendu par les avocats Marius Moutet, Vincent de Moro-Giafferi, Edgar Demange, Albert et Anatole de Monzie. Il est jugé deux fois avant d’être condamné en février 1920 pour « correspondance avec l’ennemi » à trois ans d’emprisonnement (couvrant la période de détention provisoire qu’il a déjà effectué à la prison de la Santé) et la privation de ses droits civiques. Sa condamnation indigne une partie de la classe politique et de la Ligue des Droits d l’Homme.
Il sera amnistié le 18 novembre 1924.
Obligé de quitter Paris, il reviendra après les élections de 1924, sera réélu conseiller général avant de redevenir ministre des finances dans le gouvernement Painlevé puis sénateur.